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Expositions
Sa programmation s’organise autour de trois expositions par saison, en majorité collectives, incluant tous les deux ans une nouvelle édition de la Biennale de la jeune création, un événement et une exposition collective dédiés à la promotion et à l’accompagnement d’artistes émergents. De jeunes commissaires sont également invités régulièrement à mettre en œuvre leurs projets.
D’une durée de 6 à 8 semaines, les expositions se construisent sur la base d’invitations collectives aux artistes et de cartes blanches qui permettent de mêler des œuvres existantes -et donc des missions de diffusion-, à une démarche active de (co) production et de soutien à l’émergence de nouveaux projets, parfois in situ. C’est avec la même ambition que le lauréat de la Biennale bénéficie d’une résidence de création sur-mesure de plusieurs mois.


Exposition du moment : Sortir de la cave
Exposition de Fanny Souade Sow
Curatée par Mawena Yehouessi
Du 13 septembre au 8 novembre 2025
La Graineterie – Centre d’art de Houilles
Que reste-t-il à montrer, exposer ou plus franchement même à espérer, partager dans un monde où tout est non seulement archivé, mais aussitôt saisi, capturé, possédé ?
Œuvrer, pour Fanny Souade Sow pourtant, ce n’est jamais simplement forger puis montrer : c’est plier, secouer, déplacer, occulter, abriter. C’est pratiquer à la fois le soupçon, le refus et la tendresse, contre la voracité du regard impérial et ses appels à la tolérance vis-à-vis d’une existence de plus en plus intolérable. Autrement dit, c’est ne céder ni à l’abattement, ni au désespoir ou au cynisme le plus #yolo[1], mais révéler ce qui malgré tout — ou précisément, en dépit de tout — continue de résister, de combattre et d’animer. D’être un moteur d’imagination pour ces lendemains qu’il est hors de question que nous cessions d’habiter – car nous sommes et continuerons d’être là.
“Sortir de la cave” compose alors une fabulation d’images-objets, et d’ombres, où l’archive n’est plus une course implacable à la preuve mais l’épreuve inexorable d’une mémoire située, destituée, ruminante et contagieuse — comme des présences indociles et furtives qui n’ont de cesse de trou(bl)er la continuité rassurante de l’Histoire. L’exposition s’organise ainsi en des scènes plutôt qu’en des salles, où une série de simulacres et de déplacements (des réseaux sociaux vers le théâtre, du sampling et de la culture de la dédicace vers l’appropriation et les affres de la récupération politique, etc.) fabrique des espaces ambivalents où la cacophonie des absences résonne néanmoins toujours plus fort que les récits officiels et autres assignations mémorielles.
Dans la première pièce, la vitrine de La Graineterie – Centre d’art de la Ville de Houilles se transforme en une surface contaminée par l’accumulation d’images : des mèmes Internet parmi les plus acerbes et célèbres sont samplés, agencés pour former un papier peint – publicitaire et de propagande – proliférant sur l’ensemble des murs la désillusion d’une génération No Future 2.0[2]. Une archive éclatée où les luttes les plus déchirantes et ces récits qui sont dits mineurs cohabitent pourtant cahin caha à travers le brouhaha de la consommation de masse. Chaque élément ainsi convoqué, extrait, recyclé puis à nouveau déplacé, devient alors un pied de nez à l’ordre hégémonique des savoirs, dans une économie « des sens », toujours plus avide et conflictuelle. Elle se termine par un clin d’oeil à la scène de rap tragiquement iconique du film Sorry to Bother You (2018)[3] où le personnage principal – un homme noir – est pris au piège à devoir amuser une foule caricaturale.
À rebours, la verrière transformée en chambre obscure accueille en fond de salle une seule image, monumentale. Elle fait cette fois écho à la capture d’écran tirée du jeu vidéo Grand Theft Auto: San Andreas (2004)[4] et dont la ligne de dialogue n’est autre que « Ah Shit, Here We Go Again” (« Et merde, c’est reparti »). Son usage ayant commencé à gagner en popularité courant 2019, elle est devenue un moyen d’exprimer la lassitude, le constat désabusé, et une forme d’humour fataliste face à des cycles de confrontations qui se répètent – inéluctablement injustes, absurdes, et toxiques. À ses pieds, une maison de taille enfantine, échappée d’un décor de théâtre fabuleusement dystopique, abrite la transmission orale d’un conte familial peul. Le conte ici logé ne cherche toutefois pas à s’y ancrer mais y résonne — comme une rumeur dans le béton, rappelant que toute maquette est un mythe en réduction.
En bref, on ne vous donnera pas grand chose à simplement voir ou consommer dans cette exposition. On vous proposera par contre de chercher, de douter et de soupeser. De jouer des trous, des re.plis et des faux-semblants, au risque qu’une archive vous file entre les doigts comme une mauvaise blague. Car ici, la mémoire n’est pas un stock d’images à vendre au kilo : c’est un terrain mouvant, cabossé, où rien ne se livre sans résistance — ni sans sourire. Ou comme le dit encore le musicien Gil Scott-Heron dans son titre datant de 1971 déjà : “The Revolution Will Not Be Televised” (« La révolution ne sera pas télévisée »). Mawena Yehouessi
[1] Yolo est l’acronyme de l’expression anglaise you only live once (tu ne vis qu’une fois, généralement traduit en : on ne vit qu’une fois). On prononce généralement cette phrase avant d’accomplir une action généralement peu utile, dangereuse et risquée. source : Wikipédia
[2] No Future est une expression anglaise signifiant pas de futur, pas d’avenir. Slogan du mouvement punk issu de la chanson God Save the Queen (« Que Dieu protège la Reine ») des Sex Pistols, il s’apparente au départ à une attaque contre la société britannique conservatrice. (Source : Wikipédia) / En technologie de l’information par ailleurs, on fait suivre d’un numéro le nom d’un logiciel ou d’un produit pour indiquer qu’il s’agit d’une nouvelle version. Un changement de nombre entier (2.0, 3.0) désigne une mise à jour majeure. Son usage exprime le fait que la chose que l’on désigne a fait peau neuve, a changé de paradigme, voire de nature. source : Wikipédia
[3] Sorry to Bother You (en français : « Désolé de vous déranger ») est une comédie satirique écrite et réalisée par Boots Riley, sortie en 2018. Ce dernier, né en avril 1971, est un rappeur, producteur, beatmaker, réalisateur américain et activiste communiste états-unien. source : Wikipédia
[4] Grand Theft Auto: San Andreas (souvent abrégé en GTA : San Andreas) est un jeu vidéo de tir à la troisième personne, de conduite et d’action-aventure en monde ouvert, développé par Rockstar North en Écosse et commercialisé en octobre 2004. source : Wikipédia
Les rendez-vous autour de l'exposition

Vernissage
Samedi 13 septembre à partir de 18h
À 19h30 :
“Libation as a Sample / De la cave aux étoiles” performance par SOÑXSEED, accompagnement technique par l’équipe de La Graineterie et Nygel Panasco
SOÑXSEED propose “Libation as a Sample / De la cave aux étoiles” une performance sonore entre rituel et collage, où voix, poésie, vinyles et plantes se mêlent pour invoquer la mémoire, la célébration, la résistance de nos gens et leurs travaux. Inspirée par ses sources, ses figures femmes et queer noir.e.s et des savoirs du peuple de la grotte, SOÑXSEED fait dialoguer hommage et sample comme gestes de libation. Une traversée soutenue par la vitalité des plantes et de l’eau… entre deux, de la cave aux étoiles.
Les Petites mains
- Mercredi 22 octobre, à 10h30, Tarif : 5€
- Visite-atelier destinée aux enfants de 3 à 5 ans
Après une visite de l’exposition Sortir de la cave de Fanny Souadé Sow, guidée par l’artiste intervenant Pierre-Marie Drapeau-Martin, les familles participeront à un atelier ludique de découverte et d’expérimentation artistique.
Public : parents-enfants.
Durée : 45 min
Tarifs : 5€ par enfants, entrée gratuite pour les accompagnateurs
Les Petites graines
- Jeudi 23 octobre, à 10h30, Tarif : 5€
- Visite-atelier destinée aux enfants de 6 à 36 mois.
Une visite suivie d’un atelier, animés par Pierre-Marie Drapeau-Martin, artiste intervenant à La Graineterie – centre d’art de la ville de Houille. Au programme, découverte de l’exposition, avec un focus sur une œuvre de l’artiste Fanny Souade Sow, suivie d’un atelier d’éveil artistique.
Public : parents-enfants.
Durée : 45 min
Tarifs : 5€ par enfants, entrée gratuite pour les accompagnateurs
Les visites Pause déj
- Mardi 30 septembre, 12h45 – 13h15
- Jeudi 6 novembre, 12h45 – 13h15
Visite express de l’exposition Sortir de la cave à La Graineterie accompagné par une médiatrice conférencière.
Les rendez-vous en quelques mots
Chaque saison, médiation, sensibilisation et accompagnement sont les mots d’ordre d’un programme d’actions culturelles en relation étroite avec les projets artistiques du lieu. Privilégiant l’échange, le développement du regard critique, mais aussi la pratique et la découverte, chaque rendez-vous, régulier ou ponctuel, vise à mieux se rapprocher de la création contemporaine et de ses acteurs. Autour de chaque exposition sont proposés plusieurs types de rendez-vous.
Les événements
Les plus récurrents sont les vernissages et les clôtures d’exposition, gratuits et ouverts à tous durant lesquels des actions satellites pluridisciplinaires sont souvent proposées (performances, visites contées, parcours musical…)
Les visites
Visites commentées tous les mercredis et samedis, ce sont des temps pour découvrir, accompagné, les expositions.
Visites Pause déj : une visite express sur la pause déjeuner pour découvrir les clés de l’exposition en compagnie d’un médiateur.
Votre visite ! La possibilité de réserver un créneau en groupe (dès 5 personnes) avec un médiateur qui vous proposera un parcours entre repères artistiques et discussion.
Vues de l'exposition Sortir de la cave
